LA COURBE(Curba en 1141)
63 habitants sur 504 hectares.
Situation, description : L’Orne, qui s’étirait paresseusement dans la campagne d’Argentan, rencontre après Bernay une colline de schiste gréseux. N’ayant pu contourner l’obstacle, il dû le vaincre pour se frayer un passage. La prodigieuse masse d’eau qui se ruait ici au début des temps quaternaires, a rendu possible cette étonnante victoire, qui n’est pourtant qu’une demi-victoire, car la colline s’est vengée : elle a contraint le fleuve à décrire de tels méandres qu’il lui faut un parcours de 9km600 pour la traversée du territoire communal, large seulement de 3km400 à vol d’oiseau. Il va et vient sur lui-même entre d’abruptes falaises boisées qui offrent les panoramas grandioses et aussi des solitudes idylliques. Là commencent le Val d’Orne et le Bocage ; Tout le terroir de La Courbe tient à peu près en deux presqu’îles, qui chacune ont leurs curiosités archéologiques et leurs légendes pittoresques ; dans celle du nord, les fameux retranchements vitrifiés et la ferme fortifiée du château ; celle du sud, Pierre Tournoire, l’église, le tumulus et la levée dite voie romaine. La Courbe aujourd’hui humble commune, quasi inconnue, a été à plusieurs époques une place de guerre considérable qui commandait les gués au point ou l’Orne commence à prendre quelque importance ; ce village a eu ses marchés ; ses habitants ont joui du droit de bourgeoisie et dans la liste de ses seigneurs on rencontre les noms les plus sonores de France.
La Courbe tient son nom des courbes que décrit ici l’Orne.
Géologie : Le territoire repose sur les schistes métamorphiques visibles entre la plaine calcaire d’Argentan et le massif granitique d’Athis.
Pierre qui tourne : menhir de 1m80 de hauteur et de 1m60 de largeur, c’est un schiste mélangé de limonite de l’étage du lias.
Le Tumulus et la voie Romaine : le tumulus se situe à 30m de l’église, c’est une butte circulaire de 10m de haut sur 150m de circonférence. Un large fossé fut creusé autour de cette butte, on désigne cette levée sous le nom de la Voie romaine.
Les pierres brulées : La presqu’ile au nord a été habitée par les Néolithiques fut probablement un camp. Au premier âge de fer (époque de Halstatt, milieu de l’ère chrétienne) les occupants créèrent un barrage, une fortification ici appelée les Pierres Brulées ou Brûlins. Composée de murs de pierres d’une dizaine de hauteur, formés d’une maçonnerie de grès ou le mortier a été remplacé par du sable de granit ; le tout soumis à un feu intense (environ 1300 degré) a réalisé par endroits, grâce à la fusion du sable, un conglomérat dont certains blocs représentent quelques centaines de kilos avec un aspect scoriacé. Ce site fut aménagé en forteresse en 1089-1090, par Robert de Bellême.
Féodalité, Seigneurs : La paroisse comptait trois fiefs ; Château-Gontier, La Queurie et La Courbe.
Château-Gontier : En 1220 on cite le fief tenu par Olivier de Saint-Ouen-sur-Maire. Dans la moitié du XVIe siècle, il appartenait aux Souquet : Pierre en rendit aveu en 1566 et Charles en 1608. Il passa aux Morchesne ; Gérôme, Guillaume (mort en 1646) qui s’intitulait sieur du Château et Joachim de Morchesne le vendirent en 1640 à Antoine Turgot, qui le transmit à son fils Gaston-François en 1670. Après 1711, Gaston Turgot vendit le Château à Daniel Le Petit, chevalier, écuyer, sieur des Ifs qui s’étendait alors sur La Courbe, Vaux le Bardoul et Giel. Ce ne dut être là qu’un acte fictif, car en 1720, on voit ce même Gaston céder le Château à Nicolas de Launey en 1724, qui le donna à son gendre Jules-Robert de Cotte. Qui le revendit en 1731 à Charles-François de Mésenge de Beaurepaire, dont hérita son fils Marc-Xavier de Mésenge de Beaurepaire qui épousa en 1793 Amélie de Vimy.
La Queurie : On croit que Robert de Belleme donna ce fief à l’Abbaye de Troarn qui le céda à lancelot Le Queu, d’où La Queurie. En 1476, Robert Le Queu et sa mère Jeannette, veuve de Guillot Le Queu, vendirent 5 sols de rente au prieur de La Cochère. L’abbé de Troarn rendant aveu au roi en 1498. En 1539 La Queurie était aux mains de Guillaume Vipart. Vendu à François de Rabodanges en 1598, resta à la famille jusqu’au 1’ septembre 1792, ce domaine était acheté par Marie-opportune de Thiboutot, veuve de Louis-François-Jacques de Caulaincourt porta cette terre à Guy-Aldonce, comte Dauger, et cette famille l’a conservé.
La Courbe : On ne connait pas l’époque de ce fief qui appartenait en 1462 à Jean Le Bouvier, bourgeois d’Argentan et en 1500 à Jean Lelièvre. Guillaume Vipart et sa femme Gabrielle le Queu le recueillirent en même temps que La queurie. Dans un aveu du comte Montgomery, 1696, La Courbe est citée comme relevant de ce comté et s’étendant aussi sur vaux :Raousset l’omet ; Bailleul l’indique comme demi-fief relavant de la baronnie de Cuy, nous pensons que son chef était assis au hameau de La baronnie (mais aucun bâtiments existants n’y annonce une demeure seigneuriale).
Le Manoir de La Queurie : Modeste demeure du XV-XVI siècle.
Eglise : Du XV-XVI siècle. Perchée sur le faite de la presqu’ile.
La ferme du Château : Du XVI siècle, un portail de pierre en plein cintre, flanqué d’une porte piétonne, aussi en plein cintre et chanfreinée.
La Courbe une petite commune riche de son patrimoine et de sa biodiversité.